En France, la gouvernance, à tous les niveaux de la société, est appelée "démocratie représentative". Cela signifie que les citoyens, par l'intermédiaire d'élections, désignent certains citoyens pour les représenter, c'est-à-dire leur confier le soin de décider pour eux-même ce qui est bon pour eux, pour leur ville, leur département, leur région, leur pays.

Représenter. Une représentation. C'est bien la réalité de cette "démocratie" : Le peuple est dans la salle, les élus sont sur la scène. Les élus jouent, déclament leur texte, se trémoussent, se disputent, se réconcilient. Ils tempêtent, les petites phrases jaillissent allègrement et le public s'en délecte. Car même si la pièce ne leur convient pas, ils sont nombreux à rester là, à contempler le spectacle, les yeux et les oreilles grands ouverts. Parfois le public réagit, tape des pieds et remue : Bouuuu ! Bouuu ! Quelques tomates fusent, des pancartes sont brandies : il manifeste son mécontentement. De temps à autre, les acteurs se tournent vers la salle et demandent au public de choisir les acteurs qui poursuivront la suite de la représentation. Les plus âgés redescendent de leur estrade pour s'asseoir au premier rang. Quelques spectateurs jouent des coudes pour prendre leur place. C'est que, un grand acteur, ça gagne pas mal. Ceux qui sont considérés comme de mauvais acteurs ne sont pas réélus et se rasseyent aussi. Lorsque la fébrilité due aux élections est passée, le spectacle (qui ne s'est pas arrêté) reprend de plus belle et une bonne partie des spectateurs applaudit.

Ce théâtre-réalité de tous les jours n'est-il pas notre lot quotidien ? Bien sûr, on s'étonne que peu à peu la salle se vide, car certains spectateurs sont lassés. Ils comprennent que changer les acteurs sans changer les metteurs en scène ne mène pas à grand chose sachant que la plupart des candidats sont issus des mêmes écoles de théâtre. D'autres spectateurs votent pour des acteurs rageusement provocateurs qui n'hésitent pas à dénoncer la vacuité de la mascarade tout en y participant activement, ce qui bien sûr est vain.

Je fais donc une grande proposition : changeons le nom du spectacle, qu'il soit plus explicite. Au choix :

Démocomédie Démopoilade Démorripilation Démoléthargie Démosomnolence Démotragédie Démopopcorn...