Cohérence

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mardi, 24 juin 2014

Ces chameaux qui ne bossent pas

Écoutons ce que les politiques de tous bords (et probablement de nombreux pays) disent depuis trente ans : "nous allons lutter contre le chômage". En effet, le chômage est considéré comme une plaie pour l'économie, une tare pour ceux qui y sont réduits, un puits sans fond pour le budget de l’État etc. Le chômage c'est pas bien et il faut donc, naturellement, lutter contre. Cette approche s'appuie sur différents postulats tels que : pour vivre il faut des ressources économiques et pour avoir des ressources économiques il faut, en général, travailler pour "gagner sa croûte" et "faire bouillir la marmite". Évidemment, la question du chômage ne concerne pas les rentiers pour lesquels la problématique de la ressource économique ne se pose pas. Le truc, c'est que pour travailler, il faut avoir un emploi et que bizarrement, il n'y a pas d'emploi pour tous ceux qui souhaiteraient en avoir. C'est ballot !

Cela n'a pas toujours été comme ça. Durant l'après-guerre, une période de trente ans est considérée comme une période de "plein emploi", c'est-à-dire où les chômeurs se comptaient sur les doigts de la main. Ce sont les Trente Glorieuses. A l'époque, il fallait reconstruire le pays et il y avait donc "de quoi faire". Depuis, ce qui a été fait et fait, et puis on a modernisé les industries, l'agriculture, les services et finalement, ceux qui travaillent sont beaucoup plus productifs, par tête de pipe, que par le passé. Il y a donc moins de besoin et une meilleure productivité, donc forcément, on a besoin de moins de "bras" pour satisfaire les besoins, d'où le manque d'emploi.
Pour lutter contre ce problème, il n'y a pas trente-six solutions (selon les milieux autorisés) : d'une part, baisser le coût de la main d’œuvre, ce qui permet de produire moins cher et de vendre plus, et d'autre part, accroître les besoins, a grand renfort de publicité, d'effet de mode, etc. On a développé le concept du jetable, réduire la durée de vie des objets manufacturés, favorisé le gaspillage alimentaire. En contre-partie, on a généré des quantités de déchets qui doivent être traités, ce qui crée des emplois ! Quel bonheur !
Et pourtant, il y a toujours plus de chômeurs. Faudra-t-il toujours plus gaspiller, jeter, détruire pour avec une bonne raison de produire de par ailleurs ? Il est clair que ces solutions, avancée depuis plusieurs dizaines d'années ont fait long feu. En réalité, il n'y a pas d'autre moyen acceptable de réduire le chômage qu'en réduisant la productivité des travailleurs et en partageant le temps de travail. Les travailleurs pourraient imaginer être intermittents du chômage, ou avoir encore plus de temps libre (temps partiel). En fait, ça se fait déjà beaucoup et de plus en plus (on parle de travail précaire), mais cette situation subie est anxiogène ce qui fait que peu de personnes la recherche. Et puis travailler moins, c'est aussi gagner moins alors bon... ce n'est pas très motivant. Alors quelle solution ?
On le voit bien, le problème est celui de la ressource économique. Il suffirait de supprimer cette contrainte ou de la réduire pour que l'on accepte de devenir des chômeurs heureux, disponibles pour s'engager dans des activités bénévoles souvent plus enrichissantes humainement que son emploi. D'ailleurs les chômeurs heureux existent déjà : on les appelles des retraités ! On va me dire : mais si on peut être un chômeur heureux, qui va accepter de travailler ? Et surtout qui va ramasser mes poubelles, faire le ménage chez moi, se coltiner toutes les corvées ? Forcément, les métiers à faible reconnaissance seront un peu délaissés, mais qu'importe : on aura le temps de faire le ménage, les courses, de cuisiner soi-même puisqu'on travaillera tous peu. La belle vie quoi !

vendredi, 24 janvier 2014

L'engagement politique

Il m'arrive de rencontrer des personnes qui sont engagées dans une cause politique, souvent dans une lutte sociale, bref des personnes que l'on pourrait qualifier de gauchistes voire d'extrémistes. Il me semble que quand on est extrémiste dans un sens, on est opposé aux extrémistes de l'autre côté de l'échiquier politique. Et c'est bien sûr le cas. Enfin... théoriquement. Pour ce qui est de la pratique, je suis parfois stupéfait.

Il y a quelques temps, untel se disant anti-fasciste, dont le comportement montrait qu'il vivait dans la compétition, cherchait à imposer son point de vue, prenait des décisions unilatéralement alors qu'elles engageaient tout un groupe, jugeait les autres superficiellement et en profitait pour user publiquement de délation et de diffamation. Le cas typique du petit chef, qui méprise a priori tous les autres, et qui cherche à les écraser. C'est quoi déjà un fasciste ? Ne serait-ce pas quelqu'un qui se sent supérieur aux autres et cherche à leur imposer son diktat ?

Il y a peu de temps, celle-ci, se disant anarchiste, c'est-à-dire refusant le pouvoir des autres sur sa vie, qui se disait prête à brûler des églises pour régler une crise politique, économique et sociale. Hum... Cette idée violente ne s'apparenterait-elle pas à une impuissance de s'attaquer aux vraies causes du problème ? Ne serait-ce pas la simple recherche d'un bouc émissaire providentiel ? Il est vrai que s'attaquer à un lieu de culte est pratiqué depuis très longtemps sous de très nombreux prétextes, mais force est de constater que le nombre de croyants ne baisse pas par les persécutions. Pire : cela ne règle en rien les crises économiques, politiques et sociales. Cela ne fait que soulager les violents et libérer cette violence qui peut en devenir contagieuse. Bref, c'est foncièrement mauvais.

Quel bonheur ce serait si ceux qui s'engageaient en politique apprenaient à aimer plutôt qu'à haïr. Quel bonheur se seraient s'ils analysaient un peu leurs paroles et leur comportement pour s'apercevoir du fait qu'ils emploient les mêmes méthodes qu'ils combattent ? Peut-être finiraient-ils par devenir crédibles...

samedi, 7 décembre 2013

Justificatif du père Ubu

Pour certaines démarches administratives, il faut présenter un "justificatif de domicile". Qu'est-ce qu'un "justificatif de domicile" ? Dans quel cas est-il valable ? Ces deux questions constituent des mystères insondables propres à l'administration française.

D'abord, il n'existe pas de définition, ni de liste officielle des documents qui peuvent valablement justifier du domicile.
Ensuite, cette liste dépend de la démarche entamée.
Elle dépend parfois aussi du lieu concerné : d'une mairie à l'autre, un document sera accepté ou non !
Et puis, certains justificatifs en béton ne sont pas valables, alors que d'autres beaucoup moins sûrs le sont. Et là c'est goutte d'eau qui fait déborder l'océan. Par exemple, un bail locatif pour une habitation principale, qui est à l'origine même du fait que l'on habite bien à une certaine adresse, ne sera pas un justificatif valable ! Par contre, une quittance de loyer de ce même bail locatif est valable. Va comprendre, Charles !
Une facture d'électricité ou de téléphone fixe sont considérées comme des justificatifs de domicile valable, ce qui se comprend car ils sont effectivement associés à un logement. Mais qui dit qu'il s'agit bien d'une résidence principale ? Une résidence secondaire n'a-t-elle donc pas de facture d'électricité ?

Le summum, c'est la facture de téléphone mobile. Elle n'est associée à aucun lieu fixe puisque, par définition, la ligne téléphonique est mobile. Mais c'est un justificatif de domicile valable. On pourrait en déduire que toute facture adressée à une adresse suffit à justifier l'élection de domicile. Dans ce cas, pour quelle raison une carte postale, un relevé bancaire, une amende, un reçu fiscal, un contrat de réexpédition du courrier ne seraient-ils pas eux aussi des justificatifs de domicile valables ? Mystère... L'administration vit décidément au pays du père Ubu....

dimanche, 15 septembre 2013

Tout le monde a besoin d'un défi

Oui, certains se lancent seuls sur les océans, d'autres escaladent des montagnes vertigineuses, certains tentent de survivre dans des conditions inhumaines, par exemple en zone polaire, ou dans une forêt vierge. Un autre a sauté en parachute depuis une navette spatiale, celui-va explorer les profondeurs sous-marines. Mais aujourd'hui, le super-méga-défi qui dépasse tous les autres est celui que personne n'ose tenter : se déconnecter des machines électroniques et de l'internet ! J'en veux pour preuve, le défi timbré de M. Toulemonde.

Ce dynamique cadre parisien a décidé de prendre 40 jours pour changer... de cadre de vie. Il troque l'agitation et le confort citadins de la mégapole, pour la vie ascétique sur une île déserte à l'autre bout du monde. Tel un candidat de Koh Lanta, il va devoir construire son abri, pêcher des poissons, chasser des lézards et ramasser des herbes et des vers de racines pour survivre, mais sans équipiers et sans caméras. Enfin...
Oui, car avant de prendre la mer pour rallier cette île déserte, M. Toulemonde a fait un choix concernant ce qu'il emporterait pour ces 40 jours. Et il a choisi des panneaux solaires, un téléphone satellitaire et un deux ordinateurs portables, histoire de rester connecté au monde. En fait, son idée, c'est de continuer à travailler depuis son île avec ses collaborateurs parisiens ! Pour lui, la survie passe par le travail et dépendra donc de la qualité de son accès internet. Il est prêt à renoncer à tout sauf à son accès internet et à son travail... Troublant.
Je m'interroge.

Je me demande ce que veut prouver au monde ce monsieur.

  • Prouver qu'il est possible de survivre seul sur une île déserte ? Il me semble que ce n'est pas nouveau, d'autres l'on fait avant lui.
  • Prouver qu'un cadre parisien est capable de survivre seul sur une île déserte sans métro, sans scooter, sans vélib, sans restaurant japonais, sans Paris Plage, sans Franprix, sans café, sans réfrigérateur, sans surgelé, sans four à micro-ondes, sans pain et sans jambon ? En effet, c'est déjà plus inhabituel et ça aurait même pu être très impressionnant s'il n'y avait cette incongruité : emporter tout le matériel électronique cité plus haut.
  • Prouver que l'on peut garder une activité professionnelle normale, même en vivant à l'autre bout du monde ? Oui, le télétravail existe (pour ceux qui ont un travail de bureau ne dépendant que d'une ligne téléphonique, d'un ordinateur et d'un accès à l'internet).
  • Prouver que l'internet est accessible même sur une île déserte de l'Océan Indien ? Bon, d'accord, mais quel intérêt ? Cela suffira-t-il à prouver que l'Humanité a progressé ? Je reste dubitatif.


En fait, j'ai finalement une idée sur la question : M. Toulemonde voudrait quitter l'agitation urbaine mais il ne peut pas en raison de ses engagements professionnels. Plutôt que prendre un congé sans solde pour réaliser son rêve, il a négocié avec son patron pour travailler durant 40 jours sur une île déserte. Ainsi il gagne sur - presque - tous les plans : il est toujours rémunéré, il fait de la publicité pour son employeur, il réalise son rêve (mais il continue de bosser). Au bout du compte, c'est ne sera un défi que pour lui-même, car question démonstration, message, cohérence, il faudra repasser...

dimanche, 28 juillet 2013

le n'importe quoi biologique

Biologique (abrégé en "bio") : naturel, issue de la vie, respectant la vie, la nature, les écosystèmes Aujourd'hui, il existe de magasin "bio", distribuant des produits labellisés "bio". Acheter un produit bio, c'est être conscient que la production, le transport, la distribution des produits de consommation courante peuvent, et sont bien souvent, nuisibles à l'environnement et à la nature. En achetant bio, on cherche à réduire autant que faire se peut ces nuisances. Mais ce critère, s'il est nécessaire, est-il pour autant suffisant ?

En rentrant dans un magasin bio, la réponse saute aux yeux : sel de l’Himalaya, savon d'Alep, ananas de Guadeloupe, riz thaï, tofu allemand, courgettes d'Italie,... Habitant le sud de la France, je suis étonné et je m'interroge. Pourquoi ne puis-je trouver en rayon du sel et du riz de Camargue ? du savon de Marseille ? du tofu de Revel ? des légumes du département ou du canton ? Même le pain bio est livré chaque semaine par un boulanger produisant à plus de 200 km de chez moi ! Et pourquoi faire venir des ananas, des bananes ou des mangues de l'autre bout du monde alors que la région peut me fournir en abricots, pêches, prunes, pommes, fraises à profusion ?

La question de la provenance des produits alimentaires se trouve en lien avec plusieurs autres questions :

  • Celle des conditions de productions (sous serre, en plein champ)
  • Celle des conditions de travail des producteurs (salaire de la main d’œuvre, type de contrat)
  • Celle des conditions de stockage de la production (réfrigération, atmosphère protégée)
  • Celle de la distance parcourue par le produit et du mode de transport retenu (train, camion, bateau, avion, vélo...)
  • Celle de l'emballage du produit (carton, plastique, verre, recyclable, pas d'emballage)

Les différents labels bio ne certifient finalement qu'une petite partie des éléments qui font qu'un produit dont la consommation, pour moi, sera respectueuse au mieux de l'environnement.

Un bon produit bio est produit local, de saison, non emballé, fraîchement récolté... Si j'avais un jardin, c'est de là qu'il viendrait. En attendant, les magasins bio sont truffés de ces produits incohérents qu'on achete faute de mieux ou parce qu'on ne fait pas attention. Finalement les AMAP ont du bon...

jeudi, 11 juillet 2013

Le débat public national : j'ai dit ridicule ?

Certaines questions concernent de près ou de loin tout le monde et la prise de décision demande avant toute chose d'écouter ce que chacun a à dire. Depuis quelques années, en France, existe une Commission Nationale du Débat Public. Saisie pour tous les grands projets d'infrastructure, elle met en place des Commissions Particulière du Débat Public chargée d'organiser, pour un projet précis généralement de grande envergure (régionale ou nationale), des réunions de débat mettant autour d'une même table porteurs de projets, les experts, les opposants et en face les citoyens. L'objectif est d'éviter la décision unilatérale et, au contraire, de faire participer un maximum de citoyens.

Malheureusement, ces commissions n'ont généralement pas de moyen ! A tel point que les débats organisés tournent parfois au ridicule. Sur une question comme celle de la construction de l'EPR à Flamanville, par exemple, la décision de construction du réacteur était déjà prise au moment du débat. Pour le débat sur le stockage de déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse, il n'a pas été possible d'assurer la tenue de réunions publiques sereines (en raison des opposants au projet) et c'est finalement... sur internet, que se tiennent les débats. Outre le fait que tout le monde n'a pas accès à l'internet, ce débat en ligne n'a été annoncé par quasiment personne (je le vois annoncé uniquement sur le site internet de France 3 Champagne-Ardenne. Je ne sais pas si les journaux ou les télés en on parlé). Au bout du compte, l'organisateur, M. Bernet, doit se contenter une centaine de questions posées et de 819 connexions sur internet. Un audimat ri-di-cule au regard des enjeux de ce débat, mais aussi au regard de n'importe quelle chaîne de télévision ou de radio. Remarquez, lorsque la réunion se tient "en vrai" dans la salle des fêtes d'un petit village, ce n'est certainement pas mieux.

Pourtant, j'écris ces lignes au début du XXIe siècle, où les médias de masse sont légion, où quand on le veut il est possible de toucher par un seul canal toucher des millions de personnes. Ma question est évidente : à quand le débat public en prime-time sur une chaîne du service public ? Je ne demande pas 30 heures de direct comme le Téléthon, mais juste deux heures de débat interactif comme il s'en fait déjà sur de nombreuses chaînes. Et sur des sujets autrement plus futiles...

Post-scriptum : Pour quelle raison n'a-t-on pas vu le débat national sur la transition énergétique à une heure de grande écoute sur une chaîne du service public ? Peut-être bien parce que ça n'intéressait pas ces chaînes et que ce risquait de réduire l'audimat !